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Des partenariats de plusieurs milliards de dollars avec les Emirats arabes unis ou encore Amazon ont été avancés. L'essentiel des fonds devrait être consacré à la construction de centres de données et aux infrastructures associées.
Le chiffre n'a pas été choisi au hasard. En présentant le "sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle" qui s'est ouvert ce lundi à Paris, le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué sur le plateau de France 2 un chiffre très précis: 109 milliards d'euros d'investissements.
"L'Europe va accélérer, et pour la France, nous allons annoncer 109 milliards d'euros d'investissements sur les prochaines années. C'est l'équivalent de ce que vont faire les États-Unis, avec un rapport 1 à 5", a lancé Emmanuel Macron hier soir.
Un chiffre qui fait donc référence à l'annonce de Donald Trump concernant le projet "Stargate", un plan d'investissement très peu détaillé, mais impliquant notamment le gestionnaire de fonds Softbank. Il doit dédier 500 milliards de dollars au secteur de l'IA, afin d'en bâtir "les infrastructures physiques et virtuelles.
Les États-Unis voient les GAFAM rivaliser de promesses pécuniaires. Ces derniers devraient investir 330 milliards de dollars en 2025 à eux cinq (100 pour Amazon, 80 pour Microsoft, 75 pour Google, 65 pour Meta, 10 pour Apple) dans des projets liés à l'IA.
Mais avec 109 milliards d'euros, c'est la première fois qu'un chiffre aussi important est annoncé en Europe. "Cela montre que la France est plus attractive que jamais, s'est réjoui l'Élysée. On ramasse les fruits d’un travail mené depuis sept ans".
"C'est la première fois, car on a des atouts", affirme Emmanuel Macron, qui évoquait à la presse régionale en fin de semaine dernière la qualité des ingénieurs locaux - "sans doute dans le Top 3 mondial en termes de chercheurs, mathématiciens, data scientists spécialistes de l'IA", "l'énergie décarbonée à 95%", ou des "données publiques, sûres et de qualité". "La France est dans la course au niveau européen et mondial" souligne l'Élysée.
Des Émirats arabes unis à Amazon
Ces 109 milliards d'euros annoncés "vont être déployés sur les deux, trois prochaines années", et "jusqu'à cinq ans pour les projets les plus longs", signale l'Élysée. "Pour certains projets, les investissements ne sont que des premières tranches, ajoute l'Élysée qui compte sur de nouveaux financements dans le futur. "Ce n'est que le début de l'aventure", expliquent ses experts.
L'essentiel des fonds devrait être consacré à la construction de centres de données, ces datacenters qui constituent l'architecture physique de l'intelligence artificielle, permettant d'entraîner des modèles et de les faire "tourner". L'Élysée a ainsi déjà révélé avoir identifié une trentaine de sites, permettant d'en accueillir. EDF fait aussi campagne pour attirer des investisseurs sur ses propres terrains, pour exploiter au mieux la manne et vendre son électricité.
Le fonds canadien Brookfield Asset Management va ainsi miser 20 milliards d'euros dans les Hauts-de-France. 15 milliards seront dédiés à un site situé à Cambrai, auxquels s'ajoutent des investissements corollaires de 5 milliards - liés au transfert des données ou à l'installation de panneaux solaires.
Mais la pièce maîtresse du plan d'investissement français dans le domaine reste pour l'instant le "campus" promis par les Emirats arabes unis, et signé par leur dirigeant, Mohammed ben Zayed. "Le plus grand campus d'intelligence artificielle existant en Europe", selon l'Élysée, qui parle là encore d'une capacité d'1 gigawattheure.
Alors qu'il était, dans un premier temps, question d'investissements compris entre 30 à 50 milliards d'euros, c'est finalement le montant le plus élevé qui a été retenu. Outre le datacenter, qui sera notamment abondé par un consortium d'entreprises franco-émiraties, comme le fonds MGX à Abou Dabi, le pays du Golfe devrait investir dans des startups de l'IA françaises et européennes via son fonds souverain. Des rapprochements entre les universités sont aussi à l'ordre du jour.
Des investissements français
D'autres investissements étrangers sont également prévus. Amazon devrait investir près de six milliards d'euros dans les data center et le développement des infrastructures numériques. La plateforme de calcul britannique Fluidstack compte injecter pas moins de 10 milliards pour la création du "plus grand supercalculateur au monde".
L'américain de la gestion d'actifs, Apollo, et Digitale Reality devraient tout d'eux débourser 5 milliards d'euros. Le premier pour développer l'activité cloud et des programmes énergétiques. Le second pour la création de data centers à Marseille et en région parisienne. Les centres de données vont vraisemblablement proliférer dans l'Hexagone, avec Prology, acteur de l'immobilier logistique, qui devrait également allonger 3,5 milliards en ce sens.
Pour autant, les acteurs français ne sont pas en reste. Mistral AI, la pépite tricolore du secteur, va elle s'installer à Saclay, sur le plateau du nord de l'Essonne. Son datacenter aura la même puissance - 1 GW- ce qui laisse augurer de son prix. Ce projet baptisé "Eclairion" sera financé sur fonds français et lancé par HPC Capital. Des partenariats entre Mistral AI et Dassault Système, Veolia ou encore Stellantis ont également été annoncés.
Le groupe de télécommunication fondé par Xavier Niel, Iliad, apportera 3 milliards d'euros supplémentaires. Emmanuel Macron a également égrainé quelques noms d'industriels français intéressés par l'IA comme Orange et le secteur des télécoms ou Thalès, dans la défense. Aucune somme n'a cependant été donnée pour les projets de ces deux sociétés.
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Valentin Grille et Théodore Laurent